Voici l’essai et manifeste qu’il faut avoir lu, lorsqu’on est sensible aux « voix d’en bas », c’est-à-dire aux auteurs qui écrivent depuis leur situation sociale subalterne : ouvriers et paysans. Publié en 1930, dans un contexte de luttes sociales et combats politiques acharnés, Poulaille, lui-même ouvrier en sa jeunesse, définit ce qu’il entend par « auteur prolétarien » : il est né dans un milieu ouvrier ou paysan ; il est peu scolarisé et autodidacte ; il se fait le témoin dans son œuvre de son expérience vécue au sein de sa classe sociale. Cette position intellectuelle sera très violemment critiquée par le Parti Communiste qui attribuait à la littérature ouvrière une fonction strictement idéologique, visant à l’expression des intérêts et des objectifs de la classe ouvrière en lutte.
Ce livre est aussi une sorte d’encyclopédie de la littérature ainsi définie, française et internationale, depuis le XIXe siècle ; on y découvre des noms aujourd’hui méconnus, et d’autres qui avaient déjà atteint ou étaient sur le point d’atteindre une grande notoriété : Péguy, Jules Renard, Louis Pergot, Émile Guillaumin, Gaston Couté, Panaït Istrati et même un certain Jean Giono, qui venait à peine de publier Colline.
EAN 9782854520279
Nouvel âge littéraire, Henry Poulaille, Éditions Plein Chant, 1986, 477 p., 13 x 19 cm, 20,00 €.