L’Ascension

Resumat

On n’ignorait pas le tragique de la vie des couches laborieuses les plus déshéritées. Des écrits déjà anciens, comme ceux de Villermé par exemple, sur le travail dans les manufactures, avaient révélé jusqu’à quel degré d’abjection avait pu descendre cette classe bourgeoise féroce du siècle dernier, si pressée d’asseoir sa puissance. Mais Villermé avait observé du dehors. Le miracle, c’est qu’il s’est trouvé un jour un homme vivant cette vie du gouffre et des ténèbres qui ait su la raconter, qui ait eu le courage d’acquérir la possibilité intellectuelle de la décrire et de décrire ses débats intérieurs, et de jeter vers les autres hommes son appel passionné. Bourgeois a tout souffert et L’Ascension est l’expérience de cette souffrance : la misère la plus noire, la plus nue, la nécessité quotidienne et absolue de la nourriture à gagner, et la détresse morale du mécréant voué à la plus infernale des conditions et qui, à travers mille difficultés, tente de s’élever, de se cultiver et de penser sa vie.

Jean Prugnot